
Le président iranien Massoud Pezeshkian lors de l'Assemblée générale des Nations unies au siège de l'ONU, à New York, aux Etats-Unis, le 24 septembre 2025 ( AFP / ANGELA WEISS )
Les sanctions de l'ONU contre l'Iran relatives à son programme nucléaire seront rétablies samedi au lendemain du rejet d'une ultime résolution au Conseil de sécurité et alors que l'Agence internationale de l'énergie atomique a repris ses inspections des sites nucléaires iraniens.
Le Conseil a rejeté vendredi la proposition de la Russie et de la Chine de prolonger de six mois l'accord de 2015 qui contrôlait le programme nucléaire de la République islamique en échange d'une levée des sanctions. Un résultat jugé nul et non avenu par la Russie.
Par conséquent, "les sanctions (...) seront réimposées ce week-end", a déclaré l'ambassadrice britannique, Barbara Woodward.
"A notre grand regret, l'Iran a persisté dans son attitude de refus. Nous attendions des gestes, mais des gestes concrets et précis. L'Iran n'en a produit aucun qui soit vraiment concret et précis", a justifié Jérôme Bonnafont, son homologue français.
Peu après, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a rétorqué que les Européens avaient ignoré les efforts de Téhéran, révélant que des inspecteurs de l'AIEA se trouvaient actuellement en Iran, une première depuis la guerre des 12 jours menée par Israël avec l'aide des Etats-Unis.
"Les inspections sont des mesures (...) confidentielles et nous ne pouvons pas confirmer leur emplacement, mais nous pouvons confirmer que des inspections ont repris cette semaine", a dit l'AIEA à l'AFP.
"Ce n'est pas de la diplomatie, c'est de la tromperie, des mensonges et le théâtre de l'absurde", a fustigé pour sa part l'ambassadeur russe adjoint, Dmitry Polyanskiy.
Il a également déclaré que pour la Russie, le rétablissement des sanctions n'existait pas, laissant entendre qu'elle ne les appliquerait pas.
- Pas de sortie du TNP -
Malgré le rétablissement des sanctions, "nous n'avons pas l'intention de quitter le TNP" (le Traité de non-prolifération nucléaire), a assuré vendredi le président iranien, Massoud Pezeshkian, accusant d'autre part les Etats-Unis de n'avoir pas fait preuve de bonne foi dans les discussions.
Le rétablissement des sanctions ne signifie pas la fin des efforts diplomatiques, ont assuré les Européens.
L'ambassadrice britannique a même évoqué la possibilité d'une nouvelle levée des sanctions "dans l'avenir" en cas de future solution diplomatique.
M. Bonnafont a souligné qu'il fallait voir ces sanctions comme "un levier" pour parvenir à "un accord robuste, durable et vérifiable" pour encadrer le programme nucléaire iranien.
La semaine dernière, le Conseil de sécurité avait donné son feu vert au mécanisme de rétablissement des sanctions, dit "snapback", qui interviendra automatiquement samedi à minuit GMT.
Et cette semaine à New York, c'est une course contre la montre qui s'étaient engagée pour les diplomates et les dirigeants.
Les réunions au plus haut niveau se sont ainsi multipliées en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avec notamment une rencontre entre le président français, Emmanuel Macron, et son homologue iranien.
Les Européens avaient posé trois conditions: reprise des négociations avec les Etats-Unis, acteur incontournable dans ce dossier; accès des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur les sites nucléaires sensibles en particulier Natanz, Fordo et Isfahan; processus pour sécuriser le stock d'uranium enrichi.
- "Pas d'armes nucléaires" -
"Nous avions demandé des gestes de transparence, permettant de faire la lumière sur l'état et la localisation du stock des matières enrichies, en particulier des 450 kg d'uranium hautement enrichi à 60%", a détaillé l'ambassadeur de France.
"C'était une demande minimale. La production par l'Iran de son rapport spécial, étape indispensable à l'agence pour vérifier l'état et la localisation des sites", a-t-il dit. "A ce jour, le rapport n'a pas été produit, là encore en violation des obligations de l'Iran."
Ce dossier empoisonne depuis des années les relations de Téhéran avec les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, son ennemi juré, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique, ce que ce dernier dément.
"Nous ne devons pas permettre à l'Iran de conserver ses capacités nucléaires militaires", et les stocks d'uranium enrichi "doivent être éliminés, a exhorté vendredi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, soutenant le retour des sanctions.
"L'Iran n'a jamais cherché et ne cherchera jamais à fabriquer une bombe atomique. Nous ne voulons pas d'armes nucléaires", avait martelé, quelques jours plus tôt, le président iranien à cette même tribune.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer